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Fiche pays![]() État insulaire de l'océan Indien, situé au sud-est du continent africain au large du Mozambique, entre l'Afrique et les Mascareignes.
Antananarivo, capitale de Madagascar ![]() Photo : Camille RICHARD ® Graphoprint Antananarivo - MADAGASCAR
Ranavalona III (®) Ranavalona III fut la dernière reine à régner à Madagascar. Elle fut déchue de son trône en 1896 par l'avènement de la colonisation de Madagascar par la France. Généralités
PopulationGénéralités
Démographie
Répartition ethno-linguistique
Langue
Religion d'État
Pratiques religieuses
Éducation et santéÉducation
Santé
ÉconomieGénéralités
Politique et administrationPolitique
Administration
![]() Géographie physiqueIssue de l'ancien continent du Gondwana, Madagascar s'est séparée de l'Afrique au crétacé. Son ancienne insularité a donné à sa flore et à sa faune un haut degré d'endémisme. La dissymétrie du relief et l'orientation des alizés déterminent un versant oriental exposé au vent et un versant occidental situé sous le vent. ReliefL'île offre des contrastes entre les Hautes Terres centrales et les régions basses périphériques. Dominant la bordure orientale par un escarpement et s'abaissant lentement vers l'ouest, les Hautes Terres, constituées d'un enchevêtrement de plateaux, de collines, de massifs compacts mais aussi de hautes plaines et de vastes bassins, forment un ensemble morcelé de reliefs volcaniques très divers; du nord au sud, on rencontre les massifs du Tsaratanana (2 886 m), de l'Ankaratra (2 643 m) et de l'Andringitra (culminant à 2 658 m au pic Boby). Le socle ancien, qui affleure sur les deux tiers de l'île, présente par endroits d'anciens reliefs plissés qui ont été métamorphisés avec des granites et des pegmatites. Ailleurs, il est recouvert de sédiments riches en fossiles et d'épanchements volcaniques présentant une dissymétrie est-ouest qui conditionne l'orientation des grands bassins hydrographiques. ClimatMadagascar est située entre la zone des basses pressions équatoriales, au nord, et l'anticyclone de l'océan Indien, au sud-est. Pendant l'été austral, à un vent de mousson soufflant du nord-ouest sur le nord de l'île, s'ajoutent, de janvier à mars, des cyclones irréguliers mais toujours redoutés. Si l'hiver austral est plutôt frais et sec et l'été chaud et humide, le caractère insulaire, la dissymétrie du relief et l'étirement en latitude déterminent plusieurs régions climatiques. La façade orientale de l'île, soumise aux alizés du sud-est, reçoit de fortes précipitations (plus de 2 000 mm) et connaît des températures élevées atteignant au nord 27 °C. Avec une saison sèche de quatre mois, le climat des Hautes Terres centrales est influencé par l'altitude, avec une diminution des pluies (1 200 à 1 800 mm) et des températures (16 à 17 °C) et une augmentation de l'amplitude thermique (6,7 °C). En hiver, les températures sont la nuit, souvent proches de 0 °C. Le versant occidental, sous le vent, est peu arrosé (moins de 800 mm), à l'exception du Sambirano, les précipitations étant concentrées sur sept mois, avec une saison sèche de plus en plus marquée du nord vers le sud. Enfin, avec un climat semi-aride, le sud et le sud-ouest de l'île reçoivent moins de 500 mm de pluie par an (contre 3 500 mm à Toamasina); ces régions connaissent des contrastes thermiques plus marqués. Faune et floreLa diversité des reliefs et des climats favorise le développement d'une flore exceptionnelle par sa variété, sa beauté et son originalité. Sur le versant oriental, la forêt tropicale (10 % du territoire), vestige du couvert forestier originel de l'île, a fait place à une forêt secondaire (savoka) dégradée, allant selon les zones jusqu'à une steppe ou une savane à flore appauvrie. Les hautes terres centrales autrefois boisées portent une prairie, le bozaka, maigre pacage pour les boeufs. La brousse épineuse couvre le sud-ouest du pays. Les milieux naturels abritent encore des espèces et des genres rares, comme certains serpents non venimeux, des lémuriens ou des insectivores, tel le tenrec. D'anciennes forêts denses ombrophiles sempervirentes ont subsisté à l'est, dans le Sambirano. Les régions calcaires, quant à elles, portent une forêt dense caducifoliée. Les formations de forêts littorales à cycas et pandanus abritent des peuplements homogènes de palmiers raphias et de mangroves. Au sud-ouest et au sud, le bush présente une végétation diffuse avec ses euphorbes, son arbre-pieuvre et un ensemble de plantes singulièrement xérophiles. PopulationLes Malgaches ont une origine complexe: avant les apports africain, arabe et européen, Madagascar reçut, il y a vingt-cinq siècles, ses premiers habitants, des Austronésiens. Par la suite, des immigrants indonésiens (Malacca) et bantous venus d'Afrique subéquatoriale se seraient intégrés à ces Proto-Malgaches. La dissémination d'une population peu nombreuse dans ce vaste espace entraîna la formation d'isolats démographiques indûment assimilés à des «tribus» (le peuplement régional ne procède guère d'une diversité d'origine ethnique), et la «politique des races», mise en oeuvre par le général Gallieni au moment de la colonisation française, a fait surgir un tribalisme dont les effets ne dépassent pas les cadres étroits d'une partie de la classe politique. Sur les hauts plateaux vivent les Betsiléos (11,7 % de la population totale) et les Merinas (26,6 %), anciennement dénommés Hovas, du nom de l'une de leurs divisions sociales; les Sakalavas (6,4 %) et les Mahafalys dominent dans les plaines de l'ouest et du sud-ouest; les Antemoros, les Antaisakas, et les Tanalas peuplent la côte et la forêt du sud-est, tandis que les Betsimisarakas (14,9 %) dominent sur la côte orientale. Le nord de Madagscar est principalement peuplé par les Tsimihetys (7,4 %). Dans les régions semi-arides du Sud, on trouve les Antandroys (5,3 %) et les Baras. Encore une fois, cette répartition géographique pourrait suggérer que ces groupes constituent des entités ethniques isolées et distinctes, ce qui serait totalement erronné : le commerce, les migrations internes et les structures administratives, tant avant qu'après la colonisation, ont largement contribué à effacer les barrières géographiques. Enfin, les Comoriens représentent 0,3 % de la population globale, les Indiens et les Pakistanais 0,2 %, les autres populations (Européens, Chinois, etc.) 0,6 %. ÉconomiePays essentiellement rural, en dépit d'un récent exode massif vers les villes, Madagascar doit affronter les grands défis démographiques, en assurant en premier lieu son autosuffisance alimentaire. Depuis l'indépendance, les choix politiques ont plus affirmé la puissance du capitalisme d'État qu'apporté un réel bien-être à la population. Avec une économie exsangue et des équipements obsolètes, la Grande Île mise pourtant sur un prochain renouveau, mais les espoirs que suscita, en 1993, l'élection du professeur de médecine Albert Zafy à la présidence de la République, ne se sont pas concrétisés; ce changement politique n'a pas suffi à donner un nouveau départ à une île qui souffre, dans le Sud, de pénurie et même de famine. AgricultureTraditionnellement Madagascar est un pays d'agriculture et d'élevage. Ces secteurs, qui occupent l'essentiel de la population active (78 %) et interviennent pour 42 % dans la formation du PIB, ont été ces dernières années durement touchés par la sécheresse, les dévastations causées par les invasions de criquets, les cyclones (cyclone Geralda, en 1994; cyclone Gretelle en 1997) et la mauvaise gestion du régime Ratsiraka. La principale production vivrière est le riz (37 % des terres cultivées) devant le manioc, mais les activités s'adaptent aux possibilités des régions: par l'abondance de ses pluies, le versant au vent permet l'agriculture (riz, taro, canne à sucre, igname), tandis que le versant sous le vent et la région méridionale, semi-aride, sont davantage propices à l'élevage: zébu (boeuf à bosse, ou Bos indicus), mouton, chèvre de Nubie. Quant aux Hautes Terres, réputées pour leur riziculture irriguée, dont les étagements de terrasses peuvent évoquer ceux des Philippines, elles ont autrefois constitué le domaine de prédilection de l'élevage bovin. Partout, les Malgaches élèvent des volailles (poulets, canards, oies) et cultivent le pois de terre, le sésame, des variétés de lentilles et de petits haricots, le bananier, l'oranger et le citronnier. Le cocotier est implanté dans les régions littorales. L'époque moderne a vu l'introduction de plantes américaines (maïs, manioc, arachide). Le développement des cultures commerciales (canne à sucre, coton, sisal, ilang-ilang, cacao, palmier à huile) s'est effectué au sein de grandes exploitations ou dans les terroirs paysans (café, tabac, vanille, girofle, poivre, pois du Cap). La socialisation partielle des circuits de commercialisation n'a pas stimulé la production, le riz étant même devenu insuffisant. IndustrieL'État socialiste, au cours de la décennie 1975-1985, a financé l'installation d'unités industrielles surdimensionnées, en cours de privatisation depuis le début des années 1990. L'extraction minière reste faible malgré des gisements de mica, de bauxite, de charbon et de pierres précieuses. L'essentiel des industries traitent les produits agricoles: rizeries, féculeries, huileries, sucreries (Namakia), industries du tabac (Antsirabé). La création d'une zone franche favorise une certaine reprise des activités (conserverie de thon à Antsiranana; filature ou tissage du coton ou du sisal, et entreprises de confection à Antananarivo, Antsirabé, Mahajanga, Toleara). Les industries extractives, en dehors des cimenteries (Mahajanga, Antsirabé), fournissent le gros des produits destinés à l'exportation: graphite, mica, grenat, zircon et surtout chromite d'Andriamena. La raffinerie de Toamasina, qui transforme le pétrole importé, suffit aux besoins nationaux. Madagascar dispose d'un réseau de 54 200 km de routes et de pistes (10 % bitumés) et d'un réseau ferroviaire de 1 054 km. Principaux aéroports: Antananarivo (329 000 passagers), Toamasina et Mahajanga. Les principaux ports sont: Toamasina (1,4 millions de tonnes) et Mahajanga. Les mutations de l'économieL'économie malgache dépend d'abord des produits agricoles exportés (café, vanille, clous de girofle). Le lourd endettement (4,5 millions de dollars en 1991) et l'exil des cadres supérieurs influent sur les capacités de développement d'un pays qui sollicite abondamment l'aide étrangère, en particulier celle de la France, de la Banque mondiale et, de plus en plus, du Japon. Pourtant, le faible coût de la main-d'oeuvre et son haut niveau de qualification constituent des gages de compétitivité pour les éventuels investisseurs. L'exemple mauricien et la proximité du département français de la Réunion placent Madagascar dans une zone de contrées réceptives aux industries délocalisées du «système-monde»; à terme, cela entraînerait une compétition entre les différentes unités territoriales de l'océan Indien. Longtemps négligé au nom de justifications idéologiques, le potentiel touristique – tant pour un tourisme de masse que pour des séjours de découverte de ce «sanctuaire de la nature» –, malgré un réseau de communication déficient, est aujourd'hui pris en considération. HistoireLes Hespérides du monde austronésienLes historiens ont longtemps pensé que les premiers habitants de Madagascar étaient des métis d'Indonésiens et d'Africains, venus de la côte orientale de l'Afrique noire, vers le VIe siècle. Une autre hypothèse affirme aujourd'hui que les Vazimbas, une population aux origines inconnues, étaient peut-être présents à Madagascar auparavant. Une chose est cependant sûre: on ne trouve pas sur la «Grande Île» de vestiges datant de la préhistoire. La découverte de Madagascar fut la conséquence d'un grand mouvement d'échanges commerciaux que des peuples austronésiens, dès le IIIe siècle av. J.-C., établirent dans l'océan Indien pour transporter vers l'Afrique, l'Arabie et la Méditerranée les plantes aromatiques, condimentaires et médicinales de l'Insulinde. Au début de notre ère, un certain nombre de ces marchands austronésiens ont bien migré, par vagues successives, depuis la côte orientale de l'Afrique noire (Tanzanie et Mozambique actuels) pour s'établir à Madagascar. Sur les terres neuves de la «Grande Île», ils importèrent le riz, le taro, la banane, la noix de coco et le gingembre. Ils y naturalisèrent des arbres d'Insulinde comme le Cinnamomum, une variété de cannelier, et le Calophyllum, espèce alors utilisée pour les besoins de la charpenterie marine. D'Afrique, ils firent venir zébus, moutons, chèvres et pintades. Les moments de prospérité correspondaient à la formation de grandes unités territoriales rassemblant les anciennes principautés inspirées des institutions austronésiennes. Aux XIe et XIIe siècles, les Bantous, en atteignant la côte du canal de Mozambique, provoquèrent la disparition des États austronésiens et les migrations vers les Hautes Terres centrales. Cette double origine, à la fois africaine et asiatique, explique le métissage de la population et surtout de la civilisation malgache, tant dans le domaine économique (quoique la riziculture irriguée relève plutôt des pratiques indonésiennes) que dans les domaines culturel et religieux (culte des morts, notamment). Les migrations se sont poursuivies jusqu'à une période récente. Madagascar dans l'océan Indien musulmanSi le premier millénaire de l'histoire malgache est encore mal connu, des documents d'origine arabe (en particulier al-Masoudi, géographe qui visita l'Afrique orientale dans la première moitié du Xe siècle) et la tradition orale nous documentent assez précisément sur les événements survenus à partir du VIIe siècle. L'économie malgache a en effet été très liée à l'histoire du Moyen-Orient, région à laquelle elle fournissait aromates, épices et parfums. Le cubèbe, plante médicinale appréciée des Arabes, venait de Madagascar. Sur mer, les navigateurs musulmans établirent, aux dépens des Austronésiens, leur contrôle sur les routes et le trafic de l'océan Indien. Mais l'influence culturelle du Moyen-Orient se limita à quelques comptoirs secondaires du réseau swahili. Les vestiges d'un comptoir arabe datant du XIe ou du début du XIIe siècle ont été mis au jour près de Vangaindrano, sur la côte sud-est, et il est prouvé que l'islam avait fait quelques incursions dans l'intérieur du pays bien avant le XVIe siècle. Par ailleurs, une «ancestralité» partiellement arabe a conféré aux dynasties malgaches postérieures un surcroît de prestige. Les contacts avec les EuropéensEn l'an 1498, Vasco de Gama qui venait de franchir le cap de Bonne-Espérance et naviguait vers l'Inde aurait aperçu la «Grande Île». En 1500, Diego Diaz qui cherchait à regagner la côte africaine dont il s'était éloigné par erreur arriva à Madagascar. Après avoir pris le contrôle de la rive occidentale, les Portugais envisagèrent, au début du XVIIe siècle, d'explorer l'île de manière systématique et de convertir ses habitants au christianisme, mais les militaires et les jésuites portugais ne purent ni surmonter l'hostilité des populations malgaches ni prendre le contrôle des comptoirs arabes. Ils abandonnèrent l'île tout en maintenant avec elle des contacts commerciaux depuis le Mozambique. La grandeur malgacheEn fournissant aux Sakalavas, établis dans l'ouest de l'île, les moyens d'acquérir des armes à feu, le commerce maritime de la traite donna à leur dynastie les moyens nécessaires pour asseoir leur domination sur une grande unité territoriale: l'«empire sakalava» fut une confédération de grandes principautés que scellait la parenté des divers souverains. Au XVIIe siècle, les souverains sakalavas s'emparèrent de toute la côte ouest et établirent deux royaumes: le Menabé autour de Morondava et le Boina autour de Mahajanga. Au XVIIIe siècle, ils tenaient le nord et l'ouest de l'île. Mais à la fin du XVIIIe et surtout au XIXe siècle, ils furent broyés par une autre dynastie, à son tour en pleine expansion, celle des Merinas (ou Imerinas). La colonisation françaiseEn 1896, le Parlement français déclara l'annexion de Madagascar, décrétée colonie française. Le général Gallieni fut envoyé d'urgence pour prendre le commandement civil et militaire de l'île et mater l'insurrection. Il réprima les révoltes, déposa et exila la reine Ranavalona III à la Réunion, puis à Alger, et abolit la monarchie. Gallieni établit alors les fondements de son action coloniale: «politique des races», francisation, oeuvres économiques et sociales. Il remplaça les gouverneurs merinas par des administrateurs locaux encadrés par des Français. De 1900 à 1902, Lyautey soumit les populations du Sud; en 1905, la «pacification» était achevée. Près de 50 000 Malgaches furent incorporés à l'armée française pendant la Première Guerre mondiale. Cependant, la résistance du peuple malgache à la colonisation se poursuivit sans relâche, et la domination française ne fut d'ailleurs jamais acceptée. Dès les années 1910, les nationalistes se groupèrent dans une société secrète militant pour la liberté et l'égalité des droits, la Vy vato sakelika (VVS, littéralement: «Fer, pierre, réseau») dont les dirigeants, notamment le pasteur Ravelojaona, furent arrêtés en 1916. En 1920, le mouvement s'amplifia sous l'impulsion de Jean Ralaimongo. Au début de la Seconde Guerre mondiale, l'administration coloniale demeura fidèle au gouvernement de Vichy. En 1942, les Britanniques débarquèrent à Diego-Suarez et occupèrent l'île, que sur l'insistance du général de Gaulle, ils acceptèrent finalement de remettre à la France libre. En 1945, les Malgaches purent élire deux députés à l'Assemblée constituante à Paris. En 1946, Madagascar devint un Territoire français d'outre-mer. Mais en mars 1947, un soulèvement populaire (insurrection des Menalambos) éclata dans l'île. La répression fut impitoyable: elle aurait fait 80 000 à 100 000 morts, et elle décapita les mouvements d'opposition créés en 1946 : le Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) de Joseph Ravoahangy, et le Parti des déshérités de Madagascar, de Joseph Raseta. En 1956, la loi-cadre instaura le suffrage universel. Un gouvernement autonome fut constitué sous la présidence de Philibert Tsiranana, fondateur du Parti social-démocrate (PSD). Mais lorsque, le 26 juin 1960, dépassant les objectifs de la loi-cadre de 1956, la Grande Île accéda à l'indépendance, la politique coloniale avait depuis longtemps jeté la jeune élite malgache dans les bras du militantisme prosoviétique. Madagascar contemporainS'appuyant sur le parti majoritaire, Philibert Tsiranana devint président de la République malgache. Dans les années 1970, il se trouva en butte à la montée de l'opposition : après avoir affronté une révolte paysanne dans le sud du pays en avril 1971, son régime fut emporté par une insurrection scolaire et universitaire, soutenue par travailleurs et partis d'opposition, qui lui reprochaient son option «pro-impérialiste». En mai 1972, débordé, Tsiranana remit ses pouvoirs au chef d'état-major de l'armée, le général Gabriel Ramanantsoa. Celui-ci obtint des pouvoirs étendus pour une durée de 5 ans mais, en 1975, il démissionna au profit du colonel Ratsimandrava; ce dernier fut assassiné quelques jours plus tard. État et institutionsToujours attachées à des valeurs culturelles et spirituelles propres (Fihavanana), même au temps du socialisme malgache, les institutions de la République ont connu de récentes innovations. La Constitution adoptée le 19 août 1992 instaure une IIIe République malgache, de type présidentiel et pluraliste. Le pouvoir exécutif est confié à un président élu pour 7 ans, qui nomme un Premier ministre investi par une Assemblée nationale populaire composée de 137 députés élus pour 5 ans. Le pouvoir législatif échoit à cette dernière et au Sénat. Les députés sont élus à la représentation proportionnelle. Les sénateurs, dont le mandat est de quatre ans sont élus indirectement, dans la proportion des deux tiers par les élus des collectivités territoriales et d'un tiers sur la base de corps constitués, dont les membres sont nommés par le président de la République. Le pouvoir judiciaire, avec la Cour constitutionnelle et la Cour suprême, est indépendant de l'exécutif et du législatif. Culture et civilisationÀ peine effleurée par l'influence arabe, la culture malgache reste majoritairement enracinée dans le fonds austronésien. Le choc avec la culture occidentale a affecté la nouvelle classe dirigeante et une bonne partie des citadins. Toutefois, le bruit et l'image des réalisations modernes et des idéologies nouvelles n'ont pu recouvrir la multiséculaire et vivace cosmogonie malgache. ArtIl est surtout représenté par la sculpture et l'architecture funéraires. Les tombeaux mahafaly sont de grands édifices constitués de pierres entassées, caractérisés par les alo-alo, poteaux de bois sculptés ajourés. Les tombeaux plus récents ressemblent à une petite maison ceinte par un mur de ciment recouvert de fresques qui narrent la vie du défunt. Les tombeaux vezo-sakalava sont connus pour leurs statues érotiques. L'artisanat des hauts plateaux, bois sculpté et marqueterie, est particulièrement développé en pays betsiléo et zafimaniry. Le célèbre papier antaimoro, autrefois séché au clair de lune, est toujours fabriqué artisanalement à partir d'une pâte d'écorce pilée. Langue et littératureLe malgache appartient au groupe des langues austronésiennes. Il a emprunté des mots et des concepts bantous (tels les noms d'animaux domestiques) et arabes (astrologie, noms des jours et des mois, quelques concepts religieux), qu'il a reçus du swahili. Toutefois, sa structure et sa syntaxe restent austronésiennes. Les divers dialectes appartenant à la langue malgache sont intercompréhensibles. Les dialectes les plus conservateurs sont ceux des provinces occidentales. Le principal problème aujourd'hui est dû à la prédominance du français: alors que la classe dirigeante s'exprime en français ou en un sabir franco-malgache, la grande majorité du peuple malgache utilise un dialecte. CinémaLe cinéma malgache est né du documentaire. Le plus ancien a été réalisé en 1947 par Raberono à l'occasion de la cérémonie commémorative du centenaire de la mort de Rasalama. L'Accident (1972) est le premier moyen métrage de fiction en version malgache de Benoît Ramampy, auteur en 1984 de Dahalo Dahalo, et coauteur avec Abel Rakotozanany en 1987 du Prix de la paix. Le Retour (1973), premier long métrage malgache d'Ignace-Solo Randrasana, décrit la condition des petites gens soumis à l'exode rural. Enfin, Tabataba, long métrage de Raymond Rajaonarivelo, présenté en 1988 à Carthage et à Cannes, tente une première réflexion sur des événements politiques survenus en 1947 et demeurés, jusqu'à nos jours, inexpliqués. MusiqueLe salegy est la forme musicale la plus répandue dans la «Grande Île». Il est né d'une lente assimilation de rythmes étrangers importés aux rythmes malgaches traditionnels. Le basese de la région d'Antsiranana et le tsapika du sud de Taolagnaro lui ont en effet fourni la matrice rythmique et mélodique de base sur laquelle fusionneront, selon les lieux et les circonstances, des éléments du sega mauricien, du maloya réunionnais, du mbaqanga sud-africain et du benga kenyan. Les vitesses de ce rythme varient d'un endroit à l'autre: plus lents sur les hauts plateaux, ils s'accélèrent sur la côte où les conditions de vie sont moins pénibles. Deux instruments marquent de leurs sonorités particulières la musique malgache: le valiha (ou vali) et le gorodao. Le valiha est un instrument à cordes (de 18 à 54) montées sur un morceau de bambou. Le gorodao est un accordéon diatonique introduit dans les orchestres locaux dans les années 1950. Le plus grand joueur de valiha est actuellement Justin Rakotondrasoa, dit Justin Vali, le descendant d'une lignée de facteurs de valiha. Depuis 1986, un salegy-rock a vu le jour, impulsé par le guitariste Eusèbe. Le vaqu'sauv, rap malgache renouant avec la tradition des joutes orales, est très en vogue dans la jeunesse des grandes agglomérations urbaines. La vivacité des croyances traditionnellesEnjeu stratégique du conflit culturel depuis le XIXe siècle, la religion apparaît comme la forteresse la mieux tenue. La plupart des convertis continuent de prendre part aux cérémonies religieuses ancestrales, lesquelles sont encore très présentes dans le mouvement de «malgachisation» culturelle des Églises. Elle est aussi perceptible dans le fait – contradictoire – que le puissant mouvement du «Réveil», réformé et luthérien, soit amené à «diaboliser» la culture malgache pour s'en détacher. Il est d'ailleurs remarquable que, dans un pays aussi respectueux des décisions gouvernementales, le culte des palladiums royaux, explicitement condamné par la reine en 1869, ait perduré dans la clandestinité. Dans les cérémonies de possession (tromba), de grands ancêtres communiquent avec les vivants. SociétéLa santé et l'éducation illustrent les paradoxes d'un socialisme où le rôle de l'État est mis en exergue: le système de santé, qui emploie un corps médical qualifié, est paralysé par son manque de ressources. Le paludisme, qui aurait tué 100 000 personnes en 1987, affecte particulièrement l'île. Quant à l'enseignement, le régime socialiste avait, sans disposer d'un personnel compétent en nombre suffisant, multiplié collèges et lycées, investis d'une mission de diffusion idéologique. Attirant à lui les enfants des campagnes, ce système a déclenché l'exode rural et envoyé à l'université, souvent sans succès, des dizaines de milliers de «bacheliers». L'enseignement en français, abandonné en 1972 pour cause de «malgachisation», devrait être réinstitutionnalisé. Le socialisme malgache a aggravé les distances sociales: l'échec de l'école publique a fait la fortune d'un secteur privé soutenu par le clergé. |
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